Programme du jour

Argument

Comment poser la question du féminin de nos jours après Freud et Lacan ?

Le féminin selon Freud a comme seul enjeu la référence phallique.

Lacan a donné une autre dimension au féminin, c’est celle du pas-tout, du pas-tout phallique, soit cette dimension Autre qui a trait à cette faille du symbolique.

Pour nous aujourd’hui, psychanalystes, l’enjeu phallique c’est la fonction de la parole et la dimension Autre, cet inattendu qui peut surgir, cette possibilité dans la parole de dégager du nouveau.

Ces deux dimensions sont universelles et de ce point de vue concernent homme et femme.

Aux Antilles, on trouve cette figure de femme potomitan, figure phallique, matricielle, fondatrice, qui s’est inscrite à sa manière comme mère, souvent seule, dans l’enclos familial.

Qu’est devenue cette figure de femme aujourd’hui ?

Quant à la faille, ce trou du symbolique que les femmes pourraient venir occuper n’est-il pas en même temps occupé aux Antilles par le tragique, le réel de l’esclavage comme Aimé Césaire pouvait écrire : « nous sommes nés dans la cale des bateaux négriers. » Comment ce réel s’inscrit-il aujourd’hui dans la langue, comment est-il dépassé, subverti alors que les traces en sont plurielles dans les sociétés aux Antilles ?

De l’autre côté de l’Atlantique, le discours s’est articulé autour d’un père fondateur. Qu’en reste-t-il de nos jours alors que les sujets se présentent parfois comme égarés, sans racines, objets de toutes les outrances ?

Quant à la dimension Autre, elle peine à trouver une place et c’est pourtant cette ouverture que viennent chercher les patientes que nous recevons.

Deux sociétés aux prises avec les bouleversements de la modernité.

Édouard Glissant (Le discours antillais) concernant les sociétés issues d’un système esclavagiste formulera : « la jouissance n’est pas un acquis, n’est pas un projet, c’est un dérobé. » Il poursuit :  « le dérobé de la jouissance détermine alors un appétit ou une obsession de la jouissance. »

Quant au maniement de la langue créole, Jeanne Wiltord (Mais qu’est-ce que c’est donc un Noir ?) l’évoque « comme un embarras pour un sujet dans la cure… comme une jouissance qui s’éprouve sans pouvoir se dire, charriée par des signifiants mal refoulés dans la langue. »

Jouissance et créole. Quelle légitimité trouver pour que de l’inattendu puisse surgir ? Questions cruciales qui pourraient être éclairées par la clinique féminine

L’enjeu de cette journée serait de faire valoir dans un échange quelques éléments susceptibles de nous éclairer sur la manière dont une femme, aujourd’hui, trouve une place, avec la cure, dans le réel de la société dans laquelle elle vit.

 

Programme

8h30  Accueil

9h00      Ouverture Victor Martine Lina, Maria Briand-Monplaisir et Françoise Rey

9h15 Modératrice : Maria Briand-Monplaisir

Christian REY Comment peut-on être femme?

Françoise REY Le féminin de Lacan.

Roberte COPOL-DOBAT Le fantasme du potomitan, de mère en fille, quelle transmission

10h15  Débat

11h45 Pause

11h00    Modérateur : Christian Rey

Emilie PORTE Qu’est-ce la psychanalyse peut dire du feminin aujourd’hui? : Vers une poétique du divers via Zoom

Maria BRIAND-MONPLAISIR Quand le voile se lève

Isabelle ANSON Dans le sillage du zouk via Zoom

12h00       Débat

12h30    Fin

14h00     Modérateur : Victor Martine Lina

Marie Berthe EMMANUEL Le féminin en créolie dans l’œuvre de Geneviève Mourès

Marie GAUTHIER Du féminin à l’œuvre 

Catherine COUANET Je est une autre via Zoom

15h00      Débat

15h30  Pause

15h45 Modérateur : Christian Rey

Nicolle ROTH  Comment s’est construit le féminin, à travers l’histoire, chez le Sujet antillais

Victor Martine LINA Pa ni an fanm ki pa chatenn Pa tout’ chatenn, tou

Il n’existe pas une femme qui ne soit de la châtaigne A en être, elles ne le sont pas toutes

16h25   Débat

16h45   Conclusions : Christian Rey

Fermeture : Maria Briand-Monplaisir, Victor Martine Lina